Né dans une famille lyonnaise bourgeoise, d’origine corse et alsacienne, Jacques Poletti (1923-2016) se laisse entraîner dans un mouvement pétainiste anti-bolchévique à la sortie de l’adolescence, en 1942. Quelques mois plus tard, sans vraiment avoir compris ce qui lui arrivait, il se retrouve intégré à la Légion des volontaires français et envoyé sur le front russe. Assimilé aux SS, il s’échappe vers l’Italie, mais est fait prisonnier par les Américains. Il s’évade à nouveau, est condamné à mort par contumace et doit s’exiler.
Grâce aux Quakers, il embarque pour les États-Unis sous un faux nom en 1946 et découvre un pays, un peuple, une culture qui le fascinent et le marquent à jamais. Il reste près de dix ans entre la Californie et la Côte Est, avec un statut précaire de clandestin, ce qui ne l’empêche pas de faire des études, de se marier, d’ouvrir un restaurant, de diriger une troupe de théâtre, de donner des cours, etc.
De retour en France en 1956, Poletti tente de s’y réenraciner, mais l’appel de l’Amérique est le plus fort. Dès que ses problèmes de visa sont résolus, il retourne vivre aux États-Unis.
À l’âge de 90 ans, il redécouvre les nombreuses lettres qu’il a envoyées à ses parents entre 1942 et 1964. Cette abondante correspondance, présentée et mise en contexte par son épouse Michèle, fait l’objet de trois volumes: Et c’est une belle étoile qui guide nos jours… (1942-1946), Les tribulations d’un jeune Français aux États-Unis (1947-1956) et Retour au pays… et les joies de la paternité (1956-1964).
Jacques Poletti est le fils de Jean Poletti et Mathilde Rohmer, dont la correspondance pendant la Première Guerre mondiale a été publiée sous le titre Mathilde et Jean.